top of page

90 & 91èmes jours - îles de Gozo et Comino

>Yogging sur l’île de Comino : une forteresse carrée construite sous la houlette du Grand Maitre de l’Ordre… d’origine Provençale, des hôtels délabrés donnant l’impression d’avoir subi un tsunami, des courses au pied levé entre palmiers caillasses et pommes de pain.

>Grottes sous-marines et tunnels aquatiques baignés d’une lumière bleutée : mouillage dans la crique de « Blue Lagoon »

>Mouillage nocturne dans un havre de paix, construit par la seule érosion et témoin de l’ingéniosité de la Création. Une cachette à pirates, un abri presque parfait, dans une baie circulaire de 300m de diamètre, entourée de murailles de roche de presque 150m. Pointe Ouest de l’île de Gozo, à un jet de pierre de la fameuse arche de pierre et du village de pêcheurs souterrain, notre crique est fermée par une île minuscule et rocailleuse, dont nous découvriront le caractère tragique et sacré dès le lendemain matin.

Notre premier réflexe est de mettre l’annexe à l’eau pour le yogging du matin. L’accostage est un vrai numéro de cascadeur ou d’équilibriste/trapéziste.

Il s’agit de hisser notre malheureuse embarcation sur une cale taillée dans la roche et battue par les vagues. L’eau entre avec fracas et se retire presque aussi rapidement à chaque mouvement de houle. Ca ne manque pas… Gus saute depuis le haut de la vague, l’amarre de l’annexe à la main, tombe sur un sol glissant, trébuche lorsque la vague se retire, s’étale platement, empoigne notre coque de noix pour éviter qu’elle ne frotte, et puis se retrouve submergé par la vague qui revient ! Trempé, chaussures, short, t-shirt, de la tête aux pieds.

Ayant donc, abordé avec force éclats de rire sur cette île de Gozo, nous suivons la cale taillée dans la roche, longeons deux abris troglodytes, et trouvons un escalier de fortune qui nous mène à l’angle des falaises. Comme en atteste une simple inscription « 1940 » taillée dans le mur baigné par la poussière et les rayons du soleil, ces abris ne datent pas tous des Chevaliers Hospitaliers et de l’Ordre de Saint-Jean. Ce repère naturel et tactique fut utilisé tout au long des siècles.

Sautant les haies, grimpant le moindre rocher, nous montons inexorablement vers un donjon du XVIème siècle, traversons des carrières de Calcaire qui manquent de s’écrouler sous nos pas.

L’immense arche en pierre, taillée par la mer offre une vue à couper le souffle. Nous marchons sur une fine dentelle de pierre, creusée par l’érosion, à plus de trente mètres de haut. Pragmatiques, nous étudions la possibilité de sauter, puis de descendre en rappel en imaginant un superbe pendulaire dans l’ouverture béante… avant de réaliser que toute la zone est formellement interdite d’accès…! Ayant contourné le village en choisissant la voie des falaises et des carrières, nous n’étions pas passé devant les panneaux !

Dans les lagons qui entourent cette merveille de la nature, plusieurs tunnels sous-marins sont indiqués. Profondeur variant entre 12 et 18m. Nous voyons des plongeurs en bouteille remonter. L’idée nous vient de descendre en apnée. Une fois de plus, un petit signe nous fait reconsidérer l’idée avant de la mettre en application : un hélicoptère arrive et embarque un malheureux plongeur qui aurait fait une syncope dans le tunnel !

Nous orientons notre imagination débordante vers la crique où nous avons mouillé le bateau. À quelques encablures de cette zone touristique, que nous avons traversé en chaussures de sport, où abondent les plongeurs occidentaux et les visiteurs endimanchés… se trouve la crique de Fungus, où notre brave FOPADEC’H est ancré. Pourquoi chercher plus loin ? Revenons-en à une visite méthodique de notre lieu de mouillage !

La visite de la petite forteresse nous avait donné à lire. Outre le nom de la crique, nous avons appris que l’île qui ferme la baie était connue de tout les Royaumes européens pour la plante – aux vertus médicinales, uniques au monde- qui y pousse.

Nous engloutissons un plat de pates-pesto, cuit en vitesse, enfilons nos combinaisons... et entrons dans l’eau. Il est midi. Nous ne terminerons la découverte de notre vaste crique qu’aux alentours de 17h. Toujours affublés de notre combi intégrale, ceinture de plombs, masques et tubas, nous alternons mer et falaises. Variant entre escalade sur les parois de la crique, plongée dans les grottes sous-marines qui s’ouvrent à leurs pieds et grands sauts dans l’eau claire, nous explorons une immense salle de jeux.

Dernier monticule qu’il reste à conquérir… nous partons à l’assaut de l’île de Fungus, où il est impossible d’accoster en barque, où les Hospitaliers eux-mêmes avaient construit une tyrolienne pour s’éviter des accrobaties ou grimpettes trop incertaines.

Apres avoir longtemps cherché un interstice où nous pourrions nous extraire de l’eau (la pierre est réellement verticale), nous repérons une cheminée qui nous permet de grimper en devers. L’intérêt est simple : l’escalade est difficile, mais si nous tombons, c’est directement dans la mer. L’un après l’autre, nous nous hissons hors de l’eau puis attaquons l’ascension. Apres moultes efforts, conseils prodigués les uns aux autres, en poussant, tirant, serrant les dents et abimant nos mains sur les prises coupantes…nous arrivons au sommet.

À une bonne centaine de mètres de haut, nous admirons le soleil qui descend sur l’horizon. Vue imprenable. Seuls au monde sur notre rocher… moment de grâce.

Avant qu’il fasse trop noir, nous descendons aussi bas qu’il est possible de descendre en « de-escaladant », puis nous sautons dans les vagues.

Heureux comme des papes, nous nageons encore jusqu'à ce que l’obscurité rafraichisse l’eau brutalement. Nous mettons nos combinaisons à sécher, et sautons à la mer depuis le bateau. En caleçons l’eau est fraiche mais, fourbus, cela n’a plus aucune importance. Lorsque nous nous décidons à sortir de l’eau pour nous habiller, il fait déjà nuit noire !


bottom of page