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33& 34ème jour - Île d'Eubée


L’île d’Eubée est une des plus grandes de Grêce, et l’une des plus proches du continent. En effet, elle s’étend du Nord au Sud sur plus de 150km, et la distance la séparant du continent varie entre quelques centaines de mètres et un 1km. Le couloir ainsi formé, abrite les bateaux du Meltem.

Nombreuses sont les embarcations qui préfèrent monter vers le Nord en bénéficiant de la protection des montagnes d’Eubée. Et ce, depuis l’Antiquité.

Toute l’activité insulaire se concentre dans la ville de Chalkhis, détroit idéalement positionnée, au carrefour entre la Mer Egée et les Cyclades, porte entre la Grèce et l’Orient.

Prudents – comme à notre habitude J - nous empruntons ce ‘canal naturel’ et naviguons toute la nuit jusqu'au pont qui enjambe le détroit de Chalkhis. La police maritime nous en interdit le passage. Et pour cause : le pont est rétractable, mais n’ouvre qu’un petit quart d’heure par jour, à un moment totalement aléatoire entre minuit et 5heures du matin. Il est 6h du matin.

Nous attendrons donc la nuit prochaine !

Amarrés sur un quai à quelques enjambées du pont, nous sommes en plein cœur de la ville de Chalkhis, baignés dans son effervescente matinale.

Nous improvisons donc une journée : mécanique, visites & logistique. Philippe et Gaufrette partent à la douche, pendant que Gus se penche sur la réparation des feux de navigation. ((Depuis que Gabriel est parti, c’est Gus qui assure le rôle de mécano de bord !)) Poncer les cosses en cuivre, changer les connectiques, raccourcir les fils, dégoter de nouvelles ampoules, étanchéifier l’ensemble… c’est l’occasion de rencontrer Didier qui vient d’accoster sur le même quai. Il me prodigue quelques conseils pour soigner ce petit bricolage.

Didier est entrepreneur, il a construit son propre bateau à voiles, s’en est allé depuis la France vers les tropiques et s’est installé pendant près de 15ans en Polynésie Française, avec sa femme et ses enfants. Leurs derniers ont notre âge. Ils nous invitent à prendre l’apéro.

(Prendre l’apéro ? Voilà bien une pratique démodée! Tombée en désuétude depuis que nous sommes sur le bateau. Nous réalisons par là, que nous n’avons pas pris le temps de nous poser avec 3 cacahuètes depuis le début du voyage.)

>>> C’est d’accord mais nous grimpons d’abord à la forteresse pour assister au coucher de soleil sur le haut des remparts. Nous rentrons transpirants, ravis, et sommes accueillis à bord par un Didier goguenard ‘’vous êtes fous les jeunes !’’

Nous refaisons le monde, autour d’un panier de tartines grillées et différents pots de tapenade-maison, attablés dans le carré qu’ils ont décoré avec beaucoup de goût.

Récits de voile, de tempêtes, de casses & de sauvetages, d’aventures entrepreneuriales…

Nous rentrons au bateau, réglons la VHF sur canal 12, son au maximum – pour être sûrs de bien entendre les consignes de traversée- et puis, nous attendons que la police maritime se décide à ouvrir le pont. Les pêcheurs qui jetaient leurs lignes dans le courant, sous le pont, sont rentrés chez eux. Le tumulte s’est estompé. Pas un chat dans les rues ou sur les quais. Plus un bruit. Nous veillons tranquillement. Et puis, sur les coups de 2heures du matin, branle bas de combat ( ! ) Le pont se met en action, plusieurs silhouettes sortent de l’ombre, commencent à s’activer, nous recevons des consignes saccadées par VHF : ‘’Préparez-vous à passer, vous n’aurez que quelques instants. Vous mettrez plein gaz car il ne faut pas bloquer le passage. ‘’

Réinstallés de l’autre coté quelques minutes plus tard, bien amarrés, nous sombrons paisiblement dans les bras de Morphée.

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Visite ‘’à la fraiche d’une église orthodoxe’’, petite medit’ et prière du matin. J’ai fait chauffer un petit café et me balade avec ma tasse à la main, déambulant dans la ville qui émerge lentement, en attendant le lever de mes coéquipiers.

Point de contrôle, péage millénaire, Chalkhis est décidemment une ville chargée d’Histoire. Carrefour des influences arabes et byzantines, les clochers succèdent aux minarets, et aux temples colorés.

Réunis pour le petit-déjeuner, nous planifions la longue nav’ de la journée. Le vent viendra de face. Nous tirerons des bords au près serré sur une quarantaine de miles pour atteindre une petite crique, qui devrait être assez bien abritée.

Dès que nous sommes à l’ancre, nous nous jetons tous les trois à l’eau avec masque-tubas, éponges, limaille de fer et truelle… pour frotter la coque et lui retirer sa ‘’moustache’’. Des petits coquillage et algues se sont formés sur la ligne de flottaison et réduisent l’hydrodynamisme de la coque. Apres une heure de travail acharné, nous sommes transis de froid et avons des microcoupures plein les doigts. Verdict : nous avons gagné un nœud en vitesse de croisière ! Effort rentable.

***Photo de ma combi qui seche***


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