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27ème jour - Vers Corinthe, pêche et kite-surf


Appareillage au petit matin. La météo est clémente. Force 5 annoncé, par la météo grecque, à laquelle nous faisons dorénavant une confiance aveugle.

Le soleil monte rapidement dans un ciel très clair, allant frapper de ses rayons la vallée de Delphes. Nous plissons les yeux pour apercevoir les dômes rouges des chapelles, deviner quelques colonnes antiques et le temple d’Apollon.

À peine avons-nous fait nos adieux au sanctuaire ensoleillé qu’il disparaît derrière un piton rocheux. Nous quittons la baie d’Itéa- Galaxidi et la mer se lève instantanément. 2 mètres de creux, quelques vagues déferlantes, et des « petits moutons blancs ».

Cap plein Est, vers l’extrémité de la mer intérieure qui est fermée par la ville de Corinthe.

Nous surfons au grand-largue jusqu’au milieu de l’après-midi. Premier record de vitesse, 7 nœuds battus à plate couture.

Remarque (hautement philosophique) : Dans la vie courante, nous nous déplaçons toujours à vitesse élevée… en métro, en train, en voiture, même en vélo, nous prenons rarement le temps de nous déplacer au rythme de la nature. En bateau, à la voile, notre vitesse de pointe, quand le temps est vraiment favorable, ne dépasse pas les 15km/h. Lorsque nous repérons une ville, juste là, sur la côte… il nous faudra encore 3 ou 4 heures avant de l’atteindre. Cela nous laisse largement le temps de la contempler, de la scruter dans tous ses détails, de l’imager en partie… C’est une joie rare qu’il fait bon redécouvrir.

Nos deux seuls besoins primaires étant de naviguer et de s’alimenter, notre esprit a tôt fait de lier les deux activités. Nous avons pris l’habitude de parler de la vitesse du bateau en fonction de l’espèce de poissons qui se déplace à allure équivalente. Entre 2 et 4 nœuds, nous voguons à la vitesse des maquereaux. Au delà de 5 nœuds, c’est le thon.

Dans la caisse à matos de pêche, nous avons des leures de toutes les tailles, formes, poids et couleurs. Plusieurs traînes, adaptées aux besoins du moment.

Cette fois-ci, Gaufrette nous sort le grand jeu, et envoie la traîne multi-options : celle qui permet d’appâter aussi bien le maquereau, que le bar ou le thon.

Il guette:

Au moindre signal... il remonte la traine en toute hâte:

Et puis, il fait la danse de la pluie, quand c'est un thon bien gras et bien dodu qui est au bout!

Bien sûr, la pêche n’est pas une science exacte, et c’est bientôt un poisson totalement méconnu (à mes yeux d’ignorant en tous cas) qui mord à l’hameçon. Surexcités, nous remontons la ligne et sortons un ‘diner du soir’, tout frétillant, qui pèse près de 2kg. Les recherches complémentaires nous permettront d’en définir le nom latin, que nous n’avons d’ailleurs pas retenu depuis. « Comment c’était le nom de ton poisson bonus Gaufrette, j’ai oublié ? » « le Sp..um La…um » En vrai, ce n'était pas un thon... mais cet imprononçable machin!

Les premières maisons blanches de Corinthe nous apparaissent pendant le déjeuner. Et, comme décrit plus haut, nous avons jusqu'à 3heures de l’après-midi pour les regarder prendre forme, se demander où pouvait bien être la vieille ville antique, où seraient les spots de kite, les prochaines idées saugrenues à avoir…

Nous lisons la lettre de St Paul aux Corinthiens, et c’est non sans émotion, que nous apprenons les conditions dans lesquelles le dit Paul de Tarse a séjourné à Corinthe.

Cet homme qui était un persécuteur des premiers chrétiens, fut « empoigné » par le Christ à Damas, se convertit de façon radicale, et devint l’un des plus grands missionnaires de l’histoire de l’Eglise. Il débarque à Corinthe en l’an 51, et commence à y travailler comme tisseur de tentes. Or, le port est un lieu clé pour les échanges au sein de l’empire romain, il compte près de 600.000 habitants dont 400.000 esclaves. Paul vit parmi les pauvres et leur fait part de ce qu’il a compris du Christ. Il soutien et répond aux inquiétudes des premières communautés, sur place mais aussi pendant toutes les années qui suivirent par une relation épistolaire assidue.

Le port de plaisance ne comptant que 10 places, qui sont toutes prises, nous accostons sur le quai des Yachts et confirmons avec notre voisin milliardaire que cela ne lui pose pas de problèmes. Puis nous partons à l’assaut de la ville.

Nous découvrons rapidement le plan de l’endroit. La ville antique de Corinthe est située à quelques 7 ou 8km du port, la ville nouvelle « se reveille à partir de 20h » et l’ensemble est bordé de plages. Nous sortons tout le matériel de kite-surf et partons vers la Grande Plage. Cette dernière est en réalité une zone balnéaire désertée, plus proche d’un décor de Western que d’une promenade des anglais. Les vagues cassent à quelques mètres du rivage, il y a pas mal de blocs métalliques coulés par-ci par-là, les maisons sont à quelques encablures… bref, le spot est idéal ! Commence une bonne heure de pirouettes, vol planés et dérapages qui se terminent une fois sur les galets, une fois dans la vague, mais aussi sur la route en terre et sur la terrasse du restaurant…

Ravis, riant aux éclats, nous réinventons cette activité champêtre, où l’on absorbe plus de sable et de sel que de kilomètres … jusqu'à ce que Mère prudence nous rappelle à l’ordre.

Nous rentrons au bateau, nettoyons tout le matériel, et partons pour un jogging de 2 heures en direction de la vielle Corinthe. 7km et pas mal de montées plus loin, nous arrivons devant un temple d’Aphrodite superbement conservé, mis en valeur par les lumières du coucher de soleil, qui nous arrachent des sifflements d’admiration.

Nous rentrons bien après la tombée de la nuit. Le diner est servi. Et Gaufrette nous régale d’un poisson doré au four, accompagné d’un coulis de tomates aux échalotes. À tomber par terre.


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