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19ème jour- Lefkada

Le réveil est une grâce. Nous émergeons comme des fleurs vers 8h, prenons un petit déjeuner copieux et respirons l’atmosphère chaleureux de ce port de Gaios, assis à la table du cockpit, souriant aux passants comme des bienheureux. En effet, nous avons passé deux jours presque pleins en ce même endroit, sédentarité rare et appréciable, que nous n’avions pas gouté jusque là. Deux nuits d’affilé sans quarts de nuit, réveils intempestifs ou vagues déferlantes. Nous avons vraiment bien dormi.

L’objectif est maintenant de faire nos adieux à ce petit port, faire le plein d’eau, activer le petit modem internet (qui n’a toujours pas émis le moindre signe de vie, depuis que nous l’avons branché), passer à la poste et appareiller sans tarder.

Nous nous répartissons les taches et levons l’ancre dans l’heure.

Nous saluons le bateau des italiens qui nous ont offert le diner (je n’en reviens toujours pas… nous inviter au resto, pour un service qui m’a prit en tout et pour tout, 5minutes ...!) quoi qu'il en soit, nous les remercions et mettons le cap sur Lefkada, plein sud.

À peine avons nous passé la pointe qu’une petite brise se lève et nous porte sans violence aucune. Le rythme est lent, paisible et favorable à la lecture. Nous sommes bercés de droite à gauche, en lisant nos ’’livres de chevet’’ respectifs, bien installés dans le cockpit, adossés à l'annexe ou allongés sur le sac de spi.

En passant au sommet d’un mouvement de houle, l’un de nous s’écrie : des dauphins !

C’est une vraie meute - tribu ou famille ? (comment dit-on pour ce genre de mammifères ? je ne sais pas trop…) Ils sont si nombreux qu’il en arrive de partout. « Il faut taper sur la coque pour les attirer », « non, allume le moteur ca fera un bruit plus régulier » « attend, tu crois pas qu’il faudrait leur envoyer un signal ultra-phonique plutôt ? » « et n’empêche, il faudrait pas qu’ils s’accrochent à la traine, on aurait l’air con de pêcher un dauphin… » « et les mecs, on est bien d’accords, on saute à l’eau pour nager avec eux dès qu’ils s’approchent !»

Nous voilà multipliant les manœuvres, enfilant nos maillots de bain et fixant nos masques-tubas, jusqu'à ce que ces grosses betes disparaissent sous l’eau. Plus de sauts, plus de trace, plus rien… on scrute l’horizon, on attend, on retient notre souffle, on range nos masques, on se rhabille… et voilà qu’ils bondissent hors de l’eau, jouent avec notre étrave, se faufilent entre la quille et le safran dans un formidable ballet de nageoires et d’éclaboussures.

C’est un rêve d’enfant qui se réalise !

Dans l’après midi, le vent forcit progressivement, et la navigation devient plus sportive. Fopadec’h cinglera au pied des murailles de Lefkada sur les coups de 18h.

La point de Lefkada, à l’entrée du canal est un spot de kite-surf réputé. Nous voulons y foncer avant que le vent ne s’estompe… mais la nuit tombe trop vite, et nous devons (encore) reléguer la sortie kite à plus tard… y arriverons-nous avant la fin du voyage ? :-)

Lefkada est une plaque tournante. C’est à la fois l’embouchure d’un canal, qui permet d’éviter le contournement de toute l’île éponyme, et un grand port de plaisance & d’hivernage. Les bateaux à voile qui y séjournent sont de toutes les tailles, formes, nationalités et pavillons.

Nous attendons qu’un pont levis se relêve, bloquant le passage à une queue interminable de voiture, et nous libérant l’acces au port ainsi qu’au canal.

Ayant décidé de passer la nuit dans ce port, qui est à la fois gratuit et bien abrité, nous nous amarrons entre un voilier allemand et une frégate en bois battant pavillon pirate. On nous explique que les connexions eau & électricité sont « aux frais de la princesse ». Et de fait, aussi bizarre que cela puisse paraître, la méthode ‘officielle’ est de remplir ses cuves d’eau douce avec le système d’irrigation de la ville. Peut-être tenons nous là, une explication à la faillite de l’état Grec ? Si les plaisanciers sont encouragés à court-circuiter le système public… on peut aisément imaginer le nombre de branchements illégaux qui doivent rogner sur le budget municipal!

Le plus cocasse dans cette histoire, est tout de même d’avoir été renseigné de cette combine frauduleuse… par des allemands ! Sans commentaires…

Nous passons une excellente soirée, entre amis-doleurs et apprentis-doleurs.

Et Gaufrette nous prépare une pizza hors-du-commun. Nos modestes papilles en gardent un souvenir gratiné.


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